NOTRE PROJET : LA FORGE À RÊVE

PROJET D’INSTALLATION 

Pour le développement d’un tiers-lieu artisanal dédié à la fabrication, à la transmission et à la valorisation du patrimoine immatériel de Normandie, au cœur des transitions environnementales et sociales d’aujourd’hui.


Ateliers artisanaux partagés ~ Apprentissage par le “fer” ~ Laboratoire d’expérimentation en milieu rural ~ Valorisation de la fabrication locale et de l’éco-responsabilité des entreprises  

LA FORGE À RÊVES : UN ATELIER PARTAGÉ 

TROIS ARTISANS PASSIONNÉS ET ENGAGÉS 

 

Nous sommes Benjamin, Lucie et Nathalie, un noyau familial composé de trois artisans aussi passionnés l’un que l’autre exerçant nos métiers et savoirs-faire en Normandie, actuellement dans la Manche (50) au cœur d’une ferme familiale du Cotentin. Nous avons pour projet de faire déménager “La forge à rêves” dans l’Orne (61) pour développer et faire évoluer ce que nous avons mis en place au sein de cette synergie artisanale.

Nous avons à coeur de travailler avec la nature et non contre elle, de la façon la plus écologique possible.

Benjamin ALBRYCHT de la Forge d’Asgeir est forgeron coutelier d’art et bijoutier depuis maintenant 7 ans, spécialisé en art nordique. Après une licence d’histoire et d’archéologie, il a été formé par le maître forgeron Christian Moretti à l’art ancestral de la métallurgie en partant de l’extraction du minerai jusqu’à sa transformation en couteaux, dagues, épées ainsi que bijoux historiques. C’est un passionné d’histoire, faisant de l’archéologie expérimentale, mais également tourné vers l’avenir en cherchant constamment des solutions pour réduire l’impact environnemental de son activité (traçabilité des matières premières utilisées, matériaux naturels, renouvelables et/ou éthiques, recyclage, réduction le plus possible de sa consommation d’énergie, etc.). Une réflexion constante pour trouver des innovations moins énergivores.

Passionné tant par le métal que par le bois, il travaille avec un élagueur tout aussi soucieux de l’environnement et fabrique également des carrelets de bois locaux et issus de sources éthiques à destination des professionnels ou hobbystes : tourneurs sur bois, couteliers, sculpteurs, etc.

Lucie BRAILLON de l’atelier de La lettre aux ours est artisane du bois éco-responsable, spécialisée dans différentes techniques de façonnage du bois, du tronc d’arbre à la pièce finie : sculptrice, graveuse, peintre aux pigments naturels, voilà quelques unes de ses multiples casquettes artisanales et artistiques.

Artisane de l’atelier de La lettre aux ours, Lucie est sculptrice éco-responsable. Elle travaille principalement les bois précieux, locaux et/ou revalorisés, qu’elle sculpte entièrement à la main à la scie, aux couteaux et aux gouges (mais aussi d’autres matières précieuses comme le bois de renne revalorisé, les pierres fines et précieuses éthiques, des métaux précieux responsables…). Depuis maintenant 6 ans, elle travaille et expérimente ses propres techniques pour donner naissance à diverses pièces uniques comme des bijoux, des coffrets sculptés, des décorations, des peignes, des miroirs… Le tout est inspiré par l’histoire de l’art et la Nature, dans le plus grand respect de l’environnement et des êtres vivants. Elle est également diplômée en médiation culturelle, transmission des savoirs et communication web.

Benjamin et elle collabore régulièrement pour réaliser des pièces de coutellerie communes :

Nathalie LORIOT, mère de Lucie, est quant à elle créatrice de l’atelier de La Tortonne au fil tordu. Elle confectionne des articles en laine réalisés au crochet ou aux aiguilles tels que des châles et des accessoires vestimentaires.

Potière durant près de 15 ans dans le sud de la France, puis assistante de vie sociale pendant 15 autres années, elle s’est reconvertie à la suite du succès de ses créations et travaille aujourd’hui sur mesure en réalisant des pièces uniques à la main. Elle est notamment en train de développer une gamme en laines locales ornaises (atelier de la Filière près de Flers à Caligny) et à base de teintures végétales et de laine provenant d’élevages locaux respectueux des conditions de vie des animaux. Elle est passionnée par la faune et la flore locale qui l’inspirent.


Conscients et très engagés en faveur de la protection de l’environnement, nous travaillons tous trois à ce que l’ensemble de notre travail soit le plus éco-responsable possible au travers d’une sélection stricte des matières premières et de leur origine : bois locaux non issus de la déforestation, aciers issus d’une aciérie éco-responsable ou recyclés, pierres fines et précieuses d’origines contrôlées et éthiques, pigments naturels régionaux, laines de nos régions teintées à la main aux pigments naturels…

Nous vendons nos réalisations via Internet, en France et à l’international, sur place à l’atelier (uniquement sur rendez-vous) et lors d’événements culturels divers. Nous avons décidé de nous associer pour créer un espace de travail et de vie commune dans lequel, en plus de fabriquer, nous partageons aujourd’hui des savoir-faire oubliés et nous donnons la possibilité à tout un chacun de réaliser un rêve d’artisanat, d’authenticité, de reconnexion avec des métiers rares et anciens au travers de sessions de stage.

Le tout en pleine campagne normande et avec un mode de vie rural et éco-conscient dans lequel nos stagiaires sont plongés en découvrant le corps de ferme dans lequel se situe actuellement l’atelier, dans la Manche (50).Nous avons décidé de nous associer pour créer un atelier commun dans lequel nous partageons nos savoir-faire et allions nos techniques afin de créer des pièces uniques et hors du commun. 

 

AU COEUR DE NOS CONVICTIONS

LA TRANSMISSION DE SAVOIR-FAIRE ET LE PARTAGE D’UN MODE DE VIE  ET DE TRAVAIL RURAL ET ECOCONSCIENT

Que faisions-nous déjà avant La forge à rêves ?

Participation à des événements culturels et artistiques 

En plus de nos activités de production à tous les trois, nous participons à des salons et expositions autour des métiers d’art afin de faire connaître au plus grand nombre nos métiers, mais aussi à des événements plus spécifiques visant à mettre en valeur le patrimoine historique de la Normandie comme le marché viking du château de Pirou et de l’abbaye de La Lucerne d’Outremer dont les recettes des entrées permettent la restauration de ces sites. Nous proposons notamment des animations autour de la métallurgie selon les sites.

Visites commentées de la forge ~ histoire de la métallurgie et démonstrations

Nous accueillons également de nombreux visiteurs à l’atelier pour la partie forge et bois : petits et grands, fascinés par nos métiers dont l’origine est très ancienne : au fil des siècles, le travail du métal, du bois et de la laine ont fait ce qu’est l’humanité aujourd’hui, ils la définissent et la caractérisent. Ces matières premières font le quotidien des hommes et des femmes du monde entier depuis des milliers d’années. Des savoir-faire ancestraux et essentiels qui suscitent un véritable regain d’intérêt aujourd’hui en incarnant une nouvelle dynamique d’avenir pour l’artisanat français.

Nous mettons donc en valeur, au travers de nos échanges avec le public, l’histoire, la qualité de l’ouvrage artisanal, son unicité, la maîtrise du geste, de la matière et de l’outil. Nous nous tournons aussi vers l’avenir de nos métiers en partageant notre éthique de travail et l’éco-responsabilité de nos ateliers qui se sont adaptés aux besoins et aux enjeux environnementaux et sociaux d’aujourd’hui.

Nous accueillons des groupes en visite à l’atelier durant lesquelles nous leur racontons l’histoire de nos ateliers, de notre démarche écologique et de nos matières. Centres aérés, groupes d’enfants, retraités… viennent régulièrement à La forge à rêves.

Médiation sur les réseaux sociaux : des artisans 2.0

Nous sommes également très actifs sur les réseaux sociaux, notamment Instagram, pour développer un artisanat accessible, visible, permettant un dialogue constant autour de nos métiers, de nos savoirs, de nos matières, de nos réalisations et de notre démarche de travail et de vie d’artisans du XXIème siècle.

Ensemble, nous avons fait naître l’idée de La forge à rêves dès 2019

Répondre à des questionnements & enjeux actuels

Ces échanges constants et l’accueil de nos premiers stagiaires ont ainsi créé un véritable lien avec notre public qui nous a permis de recueillir leurs attentes et leurs besoins en tant que consommateurs par rapport aux enjeux actuels de la société d’aujourd’hui : nécessité de donner du sens à leurs achats, véritable prise de conscience de l’urgence de préserver les savoirs-faire français et de les mettre en valeur, prise de conscience également quant à l’importance de connaître l’origine des objets mais aussi des matières qui les composent. 

Nous sommes devenus les témoins d’une réelle curiosité et d’un besoin vital d’apprendre, de réapprendre, de redécouvrir les procédés de fabrication des objets, notamment chez les moins de 30 ans et par le biais de la matière brute et naturelle. Une envie concrète de s’immerger dans le “faire soi-même” pour sortir d’un quotidien trop souvent déconnecté de nos besoins vitaux nécessitant des savoirs-faire manuels : pouvoir se construire un abri, se nourrir, s’habiller… Un cri d’alarme, une nécessité de développement personnel et d’accomplissement afin de se sentir “capable de” : capable de comprendre, capable de faire soi-même, pour les femmes comme pour les hommes.

Face à ces demandes de plus en plus nombreuses, nous avons donc commencé à proposer plusieurs façons d’appréhender nos savoir-faire en donnant l’opportunité à nos publics de devenir acteurs de nos métiers plutôt que simples spectateurs.

Détails sur les sessions de forge

Ces sessions sont payantes (370 € par jour / personne) et se déroulent sur une journée au minimum. 

Elles peuvent être financées en plusieurs fois (et peuvent être financées par les régions pour les professionnels selon leur lieu et leur secteur d’activité).

Elles sont volontairement faites en très petit comité, actuellement deux stagiaires maximum en même temps, afin d’être personnalisées et adaptées en fonction du niveau, des possibilités et envies de chacun.

Publics concernés

Peuvent y prendre part : 

  • les particuliers désireux de faire eux même leur pièce en étant accompagnés et guidés dans la réalisation. En autofinancement ou bien via des bons cadeaux (départ en retraite, anniversaire, Noël, etc.).
  • les personnes souhaitant faire une reconversion professionnelle (nombres de places limités à 2 personnes formée par an). En autofinancement ou bien en débloquant des aides financières de leurs côtés (la formation n’est pas finançable pour le moment avec le compte de formation personnelle).
  • les professionnels souhaitant découvrir le métier, qui peuvent-être financés par leur région (selon les régions) : par exemple, une entreprise de fabrication de consommables d’atelier désireuse de comprendre l’utilisation de ses produits pour les développer au mieux, ou bien une entreprise réalisant des objets en acier désireuse de comprendre les techniques spécifiques de la forge.

Elles sont accessibles à partir de 16 ans et dans la mesure où les positions de travail sont envisageables et les règles de sécurité applicables (voir plus bas “un lieu accessible à tous”).

Tous les niveaux sont acceptés, même sans expérience. C’est l’essence même de La forge à rêves : aider notre public à “forger” son rêve, que ce soit un couteau ou un bijou le temps d’une journée ou d’un week-end, ou bien pour une reconversion professionnelle complète.

La session “Découverte” 

Le temps d’une journée ou d’un week-end, nous proposons à nos clients de venir réaliser eux-même une ou plusieurs pièces avec nous à l’atelier et de repartir avec. Venus de la France entière, ils découvrent auprès de nous un travail sincère, authentique, technique et engagé en faveur de l’environnement. Ils et elles repartent tous et toutes avec un couteau et/ou un bijou, ainsi qu’un enrichissement et un partage que nous souhaitons de tout cœur inoubliable. 

La session “Initiation” 

Animée par Benjamin : trois jours pour entrer véritablement dans l’univers de l’artisanat, découvrir et s’initier à des savoirs-faire plus techniques, plus précis et pour toucher du doigt le métier de forgeron coutelier pour les personnes souhaitant expérimenter un métier manuel touchant à différentes matières et regroupant plusieurs types de savoirs-faire (travail des aciers et des bois) dans le but d’une potentielle reconversion professionnelle. 

Simon, en session d’initiation, sur le point de faire sa première trempe, 2020

La session “Transmission” 

Animée par Benjamin, cette session est professionnalisante et conçue sur mesure selon le projet d’installation du stagiaire. Apprentissage théorique et pratique autour de l’ensemble des savoirs-faire, des techniques et de l’outillage du forgeron coutelier, durant lequel ils apprennent à maîtriser les bases essentielles de ce métier ancien pour en faire le leur.

Tony, Johan, Alexandra, Nicolas, Joseph… sont venus à la forge apprendre le métier durant plusieurs semaines

La session “Accompagnement” 

Animée par Lucie, c’est une session d’aide au développement des entrepreneur-ses artisan-es venus faire une formation auprès de Benjamin durant laquelle les stagiaires apprennent à développer leur concept créatif, à lancer et gérer l’organisation de leur entreprise ainsi qu’à mettre en valeur et promouvoir leur activité. Elle propose une véritable boîte à outils pour établir une communication efficace, authentique et positive : toutes les clefs pour réussir lorsque l’on a les savoir-faire mais que l’on ne maîtrise pas – encore – les connaissances liées au commerce de son activité.


« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible« 

~ Antoine de Saint-Exupery

LA VOLONTÉ DE FAIRE ÉVOLUER NOTRE PROJET

EN ÉCHO AVEC L’IDENTITÉ D’UN TERRITOIRE

Aujourd’hui, nos activités fonctionnent au delà de nos espérances et le planning des sessions de stages est bouclé d’une année pour l’autre. Nous souhaitons donc faire évoluer nos activités en quelque chose de plus grand.

Actuellement, nos ateliers sont basés dans la ferme familiale à Videcosville, dans la Manche (50).

Photographie par Benjamin TANTOT, 2021

Mais nous manquons de place pour une capacité d’accueil optimale et pour développer de nouvelles idées. L’objectif de cette année 2022 est donc de commencer à mettre en place un nouvel espace pour accueillir La Forge à rêves, qui sera plus adapté à nos différentes propositions et à nos projets.

Un lieu entre histoire, nature et culture en Normandie, qui aie du sens, et qui soit à un carrefour géographique afin d’en faciliter l’accès au plus grand nombre.

Un lieu calme et accueillant, propice au développement de nouvelles perspectives d’avenir et ayant la volonté d’accueillir des projets écologiques afin de travailler de concert avec nous et qu’ainsi nous soyons intrinsèquement liés au territoire sur lequel nous ferons découvrir l’artisanat de Normandie et continuer de faire grandir des vocations nouvelles. Et ce lieu, nous l’avons trouvé !

Nous avons acquis, fin décembre 2021, un hectare composé d’une zone de praire avec sa petite masure et sa charreterie, de deux points d’eau et d’une zone de forêt plantée par l’homme, au bout d’un petit hameau agricole à quelques minutes de Domfront, dans l’Orne (61) en Normandie.

Cet espace naturel, partiellement planté par un exploitant forestier il y a une trentaine d’années, était autrefois un lieu de vie et de pâturage. Laissé à l’abandon depuis des dizaines d’années, son ancien propriétaire, séduit par notre projet, a choisi de nous le vendre afin que nous lui rendions sa fonction initiale : un lieu de vie et de développement de nos activités tout en préservant cet environnement rural.

Notre choix s’est porté sur une page pratiquement vierge, sur laquelle nous pourrons créer une dynamique éco-responsable dès le départ, plutôt que de devoir nous adapter à du bâti préexistant avec de nombreux matériaux polluants.

« S’il est un lieu où le potentiel d’engagement et de transformation est immense, c’est bien dans nos champs… »

L. Wandel, Ecosociété, 2011

Nous avons déjà commencé à investir les lieux et à rénover la maisonnette en pierres qui servira de lieu d’accueil et de réunion avec nos partenaires locaux. La charreterie, vétuste et faite de bric et de broc, devra être détruite pour des raisons de sécurité, et à la place nous aimerions y bâtir l’atelier tout en bois et écologique qui accueillera nos espaces de travail ainsi que nos stagiaires. Une maison en bois bioclimatique est également projetée afin que nous puissions vivre sur place et faire de La forge à rêve un espace englobant l’environnement qui l’entoure. 

L’Orne, un territoire authentique et stratégique

Quelle zone correspondrait le mieux à cette description si ce n’est un endroit aussi préservé, naturel et connecté à l’artisanat que l’Orne ? 

L’Orne et ses paysages sauvages et authentiques en font un véritable lieu de tourisme vert avec notamment la roche d’Oëtre et la Fosse Arthour. Les villages médiévaux comme Domfront lui donne aussi tout le charme de l’ancien et démontre son lien étroit avec l’Histoire.

Son paysage forestier entre en parfaite harmonie avec notre projet de maison et d’atelier écologique en bois comme nous l’expliquons plus bas.

Sa proximité avec Caen ainsi que la région parisienne, accessibles en transports en commun directs via Flers, en font un lieu de développement stratégique et accessible tout en étant en campagne, ce qui serait l’idéal pour nos stagiaires venus de toute la France. 

Un passé métallurgique essentiel

Carte schématique des principaux gisements ferrifères normands – Éditions du BRGM, service géologique national

Benjamin a découvert en 2014 le circuit du fer reliant notamment Dompierre et son musée du fer et La Ferrière-aux-étangs en contactant et en rencontrant, à la suite de sa formation de féron fèvre, Michael HERBULOT de l’Association Le Savoir & Le Fer et le président de l’association Thierry Olivier, pour procéder à une extraction de minerai à St-Clair-de-Halouze dans le but de faire une réduction de minerai historique en recréant un métal archéologique exploité par les romains il y a 2000 ans. Il a donc découvert le potentiel archéologique expérimental de cette zone.

St-Clair de-Halouze et ses alentours, l’une des zones les plus riches en fer de Normandie, a un grand passé métallurgique. L’extraction du minerai se faisait à ciel ouvert pour alimenter les anciennes forges au bois des XVIème-XIXème siècles, telles celle de Varenne, jusqu’à l’exploitation des mines de fer modernes de La Ferrière-aux-Etangs et de Saint-Clair-de-Halouze, dans les années 1900-1970. Aujourd’hui fermée, ces zones n’en sont pas moins les témoins d’une richesse du paysage souterrain ornais. 

Noms des communes normandes en rapport avec l’extraction et la transformation du minerai de fer – Éditions du BRGM, service géologique national

La répartition des noms de communes dont la toponymie est liée aux activités sidérurgiques anciennes permet de distinguer des « pays » à tradition métallurgique en Normandie : les synclinaux ferrifères de la zone bocaine, de Sées et de Mortain – Domfront —Bagnoles, ainsi que le Pays d’Ouche, le Nord du Perche, l’Alençonnais et le Pays de Bray. En corrélation avec la présence de minerai, la macrotoponymie est distribuée selon un arc couvrant les confins méridionaux et orientaux de la Normandie, alors que les régions côtières (Cotentin, Bessin, plaine de Caen, Roumois, Pays de Caux) en sont presque exclues. Désignant une mine de fer ou une forge, l’expression « ferrière » est la plus couramment rencontrée comme “La-Ferrière-aux-Etangs”.

Le terme “forge” entre aussi en composition dans quelques noms de communes. Celui de Sept-Forges (Orne) existait au moins au milieu du Xème siècle comme l’atteste la donation faite par l’évêque du Mans Magnard à ses chanoines :« Parochiarum ecclesia quae septem forgas nominatur» (Cauvin, Instrumenta, L XVIII, cité par Dornic, 1982). Le mot « laitier » quant à lui signale la présence d’amas de scories, qui sont des déchets solides provenant des opérations de traitement des minéraux métalliques ou de l’affinage de certains métaux, elles surnagent le métal en fusion. Il se retrouve dans le nom de deux communes du département de l’Orne : St-Nicolas-des-Laitiers et la Trinité-des-Laitiers.

Ainsi, un projet tel que celui-ci permettrait de faire sens en faisant connaître l’histoire de ce département, revivre un riche passé au travers d’un métier ancien toujours bien vivant et suscitant un véritable regain d’intérêt aujourd’hui, regain que nous voyons déjà depuis plusieurs années.

Nous souhaitons y développer un projet artisanal, historique et écoresponsable, en lien avec le territoire : se réapproprier le paysage sans le dénaturer, s’intégrer à l’environnement naturel en le respectant, en le revalorisant, tout en participant à l’activité de la commune et du département. Une autre façon de penser le territoire, une façon de l’habiter et de le vivre tout en la protégeant.

Evolution de nos activités permises par ce futur lieu :

Des stages de sculpture sur bois

Lucie souhaiterait pouvoir elle aussi proposer des stages de sculpture et de chantournage dans un espace adapté et pratique durant lesquels elle pourrait sensibiliser à la richesse du patrimoine forestier français, à la diversité des essences de bois, etc. Ces stages d’une ou plusieurs journées seraient l’occasion pour le public de découvrir les différents arbres de nos régions et ses techniques de travail ainsi que de bénéficier d’un accompagnement dans le geste pour repartir avec leur réalisation.

L’évolution des stages de forge

Photographie par Benjamin TANTOT

Benjamin voudrait quant à lui être en capacité d’accueillir plus de stagiaires, d’avoir des postes adaptés et spacieux pour toutes et tous et pouvoir installer outils et machines nécessaires à la mise en œuvre les techniques apprises lors de sa formation de fabrication du métal et d’aciers feuilletés.

Un lieu vivant d’expérimentation et d’apprentissage, pour tous les publics

Ce lieu serait un espace d’accueil avec l’organisation d’événements ponctuels : 

Pour les particuliers : visites d’atelier, organisation d’animations autour de la métallurgie en lien avec le circuit du fer de la région, animations autour du bois et de l’artisanat en général, organisations d’expositions temporaires…

Pour le territoire : accueil des écoles, des centres pour jeunes et maisons de retraites.

Pour les professionnels : création d’un symposium de forgerons qui feraient des démonstrations publiques et des expérimentations archéologiques ou autour des low-tech, organisation de visites d’entreprises, etc.

Un véritable « laboratoire » artisanale, sociale et écologique

Pour faire l’expérience de techniques et savoir-faire à la fois historiques et novatrices avec par exemple :

  • La mise en place de réductions de minerai de fer avec des techniques datant de l’âge du fer (en partenariat avec le circuit du fer) et d’autres artisans désireux de découvrir cette méthode ancienne d’extraction du potentiel métallurgique du minerai de fer brut afin de fabriquer son propre acier.
  • La création d’aciers feuilletés à lecture damassée, uniques et artisanaux,  “made in Normandie” (ces aciers sont composés de plusieurs couches de métal, repliées les unes sur les autres et soudées entre elles qui forment, une fois forgées et mis en forme, des motifs dans l’acier. Ces couches augmentent la résistance mécanique des aciers, en plus d’être très esthétiques). Ce travail pourra être fait en collaboration avec d’autres artisans du territoire.
  • Le développement d’une forge écologique en low-tech (ensemble de technologies et de logiques visant la durabilité forte, la résilience collective et la transformation culturelle afin de réduire, de ré-adapter nos modes de consommation actuels avec des ressources disponibles et renouvelables et/ou revalorisées).
  • L’accueil de partenaires pour coorganiser des stages tous publics d’archéologie expérimentale, de découvertes des plantes sauvages comestibles locales, de permaculture, de présentation de low-tech, etc.

Les besoins du projet

L’objectif est donc de créer un lieu de vie, de travail en harmonie avec l’environnement qui l’accueille, transportant directement notre public dans une atmosphère hors du temps et de l’espace et ainsi propice à une déconnexion nécessaire pour favoriser la découverte, la sensibilisation et la transmission. L’idée est de leur offrir un espace pour se reconnecter au monde actuel en conscience et par le biais de nouvelles (et anciennes) connaissances.

“Un lieu pour créer, explorer, réinventer”

Un atelier commun sera bâti pour que nous puissions y exercer nos activités de fabrication regroupant une forge, une bijouterie, un atelier de travail du bois, des zones de stockage des matières, un espace d’accueil et de réunion… : 350m² environ pour répondre à nos besoins techniques liés à la fabrication artisanale et à l’accueil.

Cet espace, en grande partie ouvert et tout en bois, devra être aménagé de manière optimale, de sorte qu’il y ait l’ensemble du parc machine nécessaire à nos réalisations mais aussi pour l’animation des stages.

Photographie par Benjamin TANTOT, 2021

“Un lieu pour apprendre et transmettre”

L’atelier devra être suffisamment grand pour pouvoir accueillir, en plus de nos postes de travail, établis et machines, plusieurs postes de travail dédiés à nos stagiaires afin de répondre à la demande croissante de sessions de forge et de bijouterie, mais aussi pour les futurs stage de travail du bois.

Nous souhaitons garder une capacité d’accueil cohérente avec nos valeurs et l’ambiance que nous proposons actuellement : un accueil personnalisé, loin du système « scolaire » classique et déshumanisé à cause d’un nombre trop important de personnes accueillies en même temps.

Ainsi, nous voulons seulement doubler notre capacité d’accueil actuel (qui est de deux personnes à la fois) en passant à 4 stagiaires en même temps, ce qui reste largement gérable et personnel, si nous avons des postes adaptés.

La création de 4 postes de travail est donc nécessaire en plus du poste principal de Benjamin et des deux espaces de travail du bois et de ses stagiaires, et l’espace du travail de la laine.

Une pièce devra aussi être dédiée aux cours théoriques puisque Benjamin propose à ses stagiaires de découvrir l’histoire de la métallurgie ainsi que les connaissances techniques du féron fèvre : le nuancier des différents types d’aciers, les phases de traitement thermiques, etc. Cette pièce servira également à l’accueil des réunions / stages coorganisés avec nos partenaires.

Photographie par Benjamin TANTOT, 2021

Une grande partie de nos animations aura lieu aux beaux-jours, en extérieur, il est donc important que nous aménagions autant cet espace naturel environnant l’atelier en créant un circuit au sein de ce lieu à protéger et à valoriser.

“ Un lieu de sensibilisation ” 

Pour une prise de conscience écologique par l’exemple

Nous souhaitons créer un lieu hors du temps et de l’espace, complètement ancré dans l’air du temps et sur son territoire, pour une prise de conscience écologique par l’exemple.

Au delà d’un lieu de fabrication artisanale et d’apprentissage, cet endroit sera aussi un espace d’immersion positive et de connexion avec la nature qui permettra une remise en question des habitudes et une prise de conscience par l’exemple, en rencontrant deux artisans ayant fait le choix d’un mode de vie écologique et ayant développé un projet avec, et non contre, l’environnement qui l’entoure : potager en permaculture, poulailler, ruches, pain au levain, forêt comestible… Tout ce que nous avons déjà mis en place dans la Manche mais que nous souhaitons voir grandir plus encore.

Un espace favorisant la biodiversité du site et protégeant ses spécificités. Une façon de vivre le paysage sans le dénaturer, de s’intégrer à l’environnement naturel en le respectant, en le revalorisant, tout en participant à l’activité d’une commune et d’une région.

Une autre façon d’habiter l’espace tout en développant une activité économique, sociale et culturelle à l’ancrage local, engagée dans les dynamiques économiques, sociales et environnementales du territoire.

Nous ouvrirons la porte à la curiosité et les questions qui font sens aujourd’hui, au XXIème siècle, seront cultivées : curiosité quant aux savoir-faire du passé, à leur survivance et à leur utilité et applications aujourd’hui et pour l’avenir. Curiosité également quant à nos choix de vie et de consommation conscients et écologiques, faisant écho au futur que nous souhaitons pour le territoire que nous habitons.

Ce sera un espace de découverte et d’échanges autour d’un mode de vie transitoire remettant au centre de notre quotidien le travail écoresponsable et la production artisanale respectueuse de la nature dans une réflexion constante autour de l’origine, de la traçabilité, de la qualité et du circuit court.

En partageant nos repas faits maisons avec des produits locaux et biologiques, en découvrant notre potager en permaculture et notre jardin des simples, en étant curieux sur notre production d’énergie écologique, notre maison bioclimatique, notre choix d’une faible consommation énergétique, notre façon de vivre et de penser l’avenir le temps de quelques heures ou de quelques jours…

“L’apprentissage peut commencer. Un retour aux sources mêlant traditions et savoirs du passé, actions présentes et réflexion pour le futur.” 

L’espace que nous venons d’acquérir est idéal : en campagne pour être au calme et proposer un véritable cadre de repos tout en étant en lien perpétuel avec le territoire, suffisamment grand pour développer l’ensemble de notre projet mais aussi tout un environnement naturel favorisant une immersion totale et une véritable prise de conscience de la beauté de nos paysages normands : un espace naturel vital pour la biodiversité avec un point d’eau et une zone très arborée, des fruitiers…

“Un lieu pour toutes et tous”

Stage de Pierre-Hubert et de son père, en 2021

Ce lieu sera un espace ouvert de partage où jeunes et moins jeunes pourront partager et échanger autour des valeurs essentielles pour notre société future. 

Nous voyons des amis, des parents et leurs enfants, des couples, des grands parents et leurs petits enfants… venus ensemble se forger le souvenir d’un moment inoubliable.

Nos sessions de stages sont actuellement accessibles à toute personne capable de respecter les règles de sécurité de nos métiers et de maintenir les positions de travail, à partir de 16 ans, sans restriction en termes de niveau ou d’expérience, pour les particuliers et les professionnels. 

Nous pourrons organiser des visites de l’atelier et des animations intergénérationnelles mêlant les plus jeunes et les plus âgés en même temps pour créer un temps de partage et d’échanges enrichissant.

S’adapter aux handicaps 

La mise en place de ce nouvel atelier nous permettrait de rendre également accessibles les stages aux personnes handicapées physiquement mais ayant la possibilité de tenir des outils et de gérer des machines, notamment en fauteuil roulant. Cela nécessite de créer un poste de travail spécifique et des machines entièrement adaptées et sur-mesure.

Décloisonner nos métiers

Nous souhaitons organiser également des démonstrations et animations mêlant artisans professionnels et hobbyistes à l’occasion de journées portes-ouvertes pour favoriser le transfert de connaissances et de savoir-faire.

« Un lieu de revalorisation et de révélation des capacités et du potentiel de chacun »

Nous avons pu observer de nombreuses fois que les personnes les moins expérimentées étaient toujours très consciencieuses et à l’écoute et, une fois mise en confiance et ayant appréhendé le parc machines et les outils qui peuvent parfois être impressionnants pour les non-initiés, se sentez valorisées et prenez conscience de leurs capacités manuelles, qui parfois leurs étaient inconnues jusqu’alors.

Le fait de faire venir des personnes âgées et des enfants en même temps permettraient également de créer un temps d’échange ouvert, de donner la parole aux plus âgés, de leur offrir une occasion, un tremplin pour partager leurs souvenirs sur les métiers anciens et oubliés, et ainsi de permettre aux plus jeunes de poser des questions et de prendre conscience des savoir et expériences de leurs aïeux.

Un lieu vivant, un lieu de vie” 

Cet espace doit être un lieu de vie autant qu’un lieu de valorisation, de transmission et de création. Nous ne souhaitons pas perdre les valeurs et les messages que véhicule un lieu regroupant espace d’habitation et espace de travail. 

Nous souhaitons réellement revoir la notion des espaces séparés, démontrer l’intérêt de ce que nos ancêtres faisaient en vivant au-dessus de leurs ateliers et de leurs fermes afin de ne pas perdre un temps précieux dans nos déplacements qui pourrait être utilisé à toutes nos activités. 

Nous voulons créer un lieu chaleureux et vivant, où vie professionnelle et valeurs personnelles se font écho sans cesse, un espace de partage, d’accueil et de disponibilité, allant au-delà d’horaires de travail définis. L’idée est de sortir du “métro-boulot-dodo” de nos sociétés contemporaines et de créer quelque chose de différent, où tout s’interconnecte, où nous créerons du lien. 

Nous développons ici l’idée un éco-lieu expérimental favorisant l’activité en présentielle d’une famille de trois artisans. En limitant les déplacements, en regroupant nos activités économiques et notre cadre de vie, nous pourrons prendre réellement soin de cet environnement. Il nous paraît important de pouvoir prendre tout le temps nécessaire à l’observation et à la préservation constante des écosystèmes et des actions environnementales que nous aurons mises en place. 

De plus, il nous tient particulièrement à cœur de pouvoir fournir un accueil qualitatif et authentique à nos stagiaires ou visiteurs au quotidien en partageant nos repas, en créant des échanges riches et variés nés de l’exemple permettant un questionnement spontané et donc profond des personnes accueillies. Nous souhaitons favoriser une immersion positive à base de découvertes, d’information, de sensibilisation autour de nos activités artisanales et environnementales, grâce à l’exemple direct.  

en plus de notre atelier, une maison bioclimatique en bois sur ce terrain pour nous permettre d’y vivre au quotidien. 

MISE EN PLACE CONCRETE ET ELEMENTS TECHNIQUES DU PROJET

Deux nouveaux espaces seront donc nécessaires au développement de notre projet. Pour cela, nous souhaitons construire avec des matériaux locaux, naturels et écologiques en autoconstruction et avec l’aide d’artisans locaux et de notre architecte spécialisé dans l’écoconstruction et la rénovation à l’ancienne. L’idée est de créer un lieu s’intégrant parfaitement à son environnement et le respectant. 

Afin de répondre aux besoins de ce projet et de favoriser la vie et l’activité humaine que nous souhaitons voir s’y développer en harmonie avec l’activité des écosystèmes, nous devons donc construire un atelier à nos activités professionnelles et une maison bioclimatique. Nous avons fait le choix de développer ce projet le plus possible en local afin d’être en accord avec notre démarche de préservation et de valorisation des savoir-faire et du patrimoine normand et de réduire les déplacements et donc la pollution liée aux transports.

Un atelier pluridisciplinaire et écologique

Atelier NORTHMEN en Lituanie, 2020

Un premier bâti dédié à nos activités professionnelles, principalement tourné autour du travail du métal et du bois, viendra remplacer l’actuelle charreterie, accolée à la petite maison en pierres présente sur le terrain et nous l’imaginons dans l’esprit des granges en bois normandes. Ce sera notre espace de fabrication, de stockage des matières et s’y dérouleront les sessions de stage. 

La charreterie, qui est en très mauvais état (pylônes électriques en béton en guise de poteaux, ceintures de pierres en ruines, bois vermoulus, tôles rouillées, etc.) sera donc démontée et la forge, l’atelier bijouterie et l’atelier bois viendront remplacer cet existant avec la technique poteaux-poutres et une aire en terre-chaux damée.

Après trois années de recherches et de réflexion, notre choix s’est porté sur un type d’habitat écologique rustique, simple et très efficace : le mode constructif « poteaux-poutres ». C’est une variante de l’ossature bois qui travaille avec de plus grosses sections de bois, plus espacées, et des assemblages particuliers. Ce système ne date pas d’hier puisque des vestiges tirés des cendres de Pompéi indiquent l’utilisation de cette technique à l’époque de l’existence de la ville. Le système poteau-poutre a été par la suite beaucoup utilisé pour bâtir les maisons médiévales à colombage. Il constitue encore aujourd’hui l’un des procédés les plus innovants en matière de construction bois. Ce système se retrouve beaucoup en Normandie et en Alsace du sud, où la tradition est perpétuée.

Le poteaux-poutres est un système constructif  qui concentre les efforts sur sa structure primaire : les poutres et les poteaux. Le principe est celui de la structure porteuse, constituée de poteaux régulièrement espacés. Reliés par des poutres, ceux-ci forment une trame qui délimite les volumes intérieurs, de larges ouvertures et participe à l’esthétique du bâti lorsqu’on les laisse apparaître. La structure porteuse, constituée de bois massif, assure une solidité optimale et résiste particulièrement au tassement. Les  bâtiments  édifiés  avec  ce  mode  de  construction sont  composés  de  poteaux  qui  supportent  des  poutres.   Celles-ci   soutiennent   des   planchers.   Les poteaux  transfèrent  l’ensemble  des  charges  au  système de fondations. Des  parois  pleines,  des  fenêtres  et  des  portes  viennent  s’insérer  dans  le  squelette  formé  par  les poteaux  et  les  poutres.

Le recours au bois favorise l’économie forestière avec le maintien des savoir-faire traditionnels, l’utilisation d’essences locales et le conseil de professionnels de la filière de la région. 

Dans l’idéal, pour un travail et un accueil optimal cet atelier devrait être d’environ 350 m². 

La zone de travail du bois est celle qui nécessite le plus d’espace, environ 100 m² avec plusieurs postes de travail pour les sessions de stages, d’un espace de forge de 60 m² environ, d’un atelier-bijouterie de 30 m² et un étage de 150m² environ sous toiture servant pour le stockage du bois en séchage et les deux ateliers de sculpture du bois et du travail de la laine.

Cet atelier viendra se positionner dans l’idéal à l’emplacement de la charreterie actuelle (bien qu’il soit plus grand), accolé à la maison en pierres, afin de réduire le plus possible l’augmentation de l’emprise au sol des bâtiments que nécessite notre projet et de laisser cet espace « gagné » pour le développement de la faune et la flore locale. De plus, cela permettra de créer un esprit “corps de ferme” en forme de « L » accueillant et pratique.

Le terrain en 2021

Une maison d’accueil et de réunion

La masure en pierres est en cours de rénovation. Elle conservera son esthétique ancienne afin de respecter et de valoriser le patrimoine normand avec des matériaux locaux, revalorisés et le plus possible écologiques (chaux, chanvre, bois, liège, laine de bois, etc.). Une charpente traditionnelle, respectant son esthétique passée, sera réalisée et ses murs vont être consolidés avec des pierres de taille anciennes provenant du domfrontais à proximité. Il est important pour nous de ne pas détruire ce petit espace de vie existant, témoin de l’héritage patrimonial de la région, mais trop petit pour nous accueillir à terme (environ 70m²). Il nous servira d’espace de vie dans un premier temps, le temps des travaux, puis certainement de lieu d’accueil pour nos stagiaires.

La masure en 2021

Une maison commune bioclimatique :

Nous projetons notre lieu d’habitation sur place comme une maison bioclimatique en bois elle aussi en poteaux-poutres, de 140m² environ, qui peut être faite en matériaux écologiques et le plus possibles locaux, sans dalle béton, sans peinture toxique, sans revêtements muraux toxiques, sans placo…

Nous avons fait ce choix en conscience en raison de la proximité et de la disponibilité de la matière première et des artisans et aucun autre revêtement ne sera appliqué afin de limiter l’impact de cette construction. 

C’est un type d’architecture consistant en un assemblage de poteaux et de poutres, dont les vides sont comblés par des matériaux d’isolation et d’étanchéité (type laine de bois, madriers, etc.). Ce modèle constructif est fait pour le XXIème siècle : ces bâtiments sont économes en ressources et prouvent que les fondations peuvent être réalisées sans béton.

Petite histoire de la maison en bois en France

Même si elles sont très présentes dans le paysage des pays nordiques (Scandinavie, Canada, Alaska…), les maisons en bois ont pour origine nos forêts européennes car durant l’âge du bronze les résineux y étaient très nombreux : les hommes ont commencé à concevoir des outils pour abattre, écorcer les arbres et construire de façon à réaliser rapidement des habitations. Les premières habitations consistaient en des rangées de poteaux plantés à la verticale dans une tranchée remblayée ensuite avec de la terre. Les difficultés à transporter le bois sur de longues distances poussèrent rapidement à adopter un modèle plus économique en espaçant les poteaux et en comblant les vides avec des branches et de l’argile, une première forme de torchis sur clayonnage. La poutre sablière fut ajoutée au sommet des poteaux afin de faciliter la fixation du toit et au fur et à mesure, le principe de la structure en bois s’améliora. Les charpentiers du Moyen-Âge édifièrent alors quelques-uns des plus beaux et des plus durables édifices de l’histoire, encore debout aujourd’hui, notamment les merveilleuses maisons à colombages : des  quartiers entiers de grandes villes ont été bâtis suivant ce principe,  comme  le  quartier  Latin,  les  Halles,  le  Marais pour Paris…. 

Puis, vers la fin du Moyen Âge, la démographie explosant en Europe, nos ancêtres ont défriché une grande partie de nos forêts pour cultiver les terres mais aussi pour pouvoir se chauffer et pour produire dans les fonderies, verreries, briqueteries, forges, etc. Ils ont alors commencé à privilégier la pierre pour fabriquer leurs maisons. Sans oublier  que la construction navale était très consommatrice en bois et prenait de l’ampleur. Cette matière devint donc très précieuse. Ensuite, lors de la découverte du Nouveau monde, les colons ont découvert là bas une profusion d’immenses forêts. Ils ont alors exporté la technique des maisons en bois là-bas, et au fil des siècles, elle fut peaufinée au gré des nouveaux outils à disposition pour devenir les techniques des maisons à ossatures bois variées et de précision que nous connaissons aujourd’hui.

Comme le souligne P. Pétrequin, archéologue, la maison en bois n’est d’aucun temps et d’aucun pays, mais elle est liée à l’exploitation de la forêt ; on comprend alors qu’elle a eu et qu’elle a toujours sa place dans nos régions et qu’en France, on commence à la redécouvrir depuis quelques années. Il existait avant des maisons de bois dans toutes les forêts de résineux ou de feuillus. C’était les habitations de tous les bûcherons, charbonniers, scieurs, sabotiers, forgerons… qui vivaient là en grand nombre, sur leur lieu de travail. Cette tradition de construction en bois était donc bien vivante en France quand, de nos forêts, s’embarquèrent les pionniers pour peupler le Canada, emportant avec eux le mode de construction en bois. Mais les temps ont changé : l’Europe s’est beaucoup reboisée, le bois est redevenu abondant et l’on redécouvre aujourd’hui les qualités de ce matériau longtemps délaissé.

Rappelons aussi que si cette architecture a été plus oubliée dans le paysage français, elle ne l’a pas été chez les scandinaves, et que ceux-ci ont colonisé à une époque la Normandie, terre des hommes du nord (« northmen »). Par exemple, la toponymie de nombreuses villes et villages normands vient de l’influence scandinave (voir “Vikings et noms de lieux de Normandie” de Jean Renaud). C’est avec le chef viking Rollon (Hrolfr) que le roi Charles le Simple négocia l’accord qui allait constituer l’acte de naissance de la Normandie aux environs de 911, contrat dans lequel le roi cédait aux scandinaves une partie du territoire normand qu’ils avaient sous contrôle afin qu’ils le défendent d’autres colonisations. C’est donc une manière d’incarner et de représenter sur le territoire normand ce passé oublié. Elle nous permettra d’immerger directement nos visiteurs dans une ambiance ancestrale, porteuse de savoirs-faire authentiques et mettant en valeur les richesses naturelles du territoire. 

Quand l’histoire s’inscrit dans l’avenir – La maison en bois : un impact écologique et environnemental très réduit

Depuis la fin du siècle dernier la maison en bois suscite un regain d’intérêt en France où l’on voit ce type de maisons se développer sur l’ensemble du territoire.

Un bâti naturel

C’est le type d’architecture naturel par excellence. Il utilise comme matière principale le bois qui est une matière disponible en France, renouvelable et locale et qui stocke le carbone au lieu d’en émettre (nous avons de plus pour projet de faire un crowdfunding pour aider à financer la replantation du nombre d’arbres ayant été nécessaires à la construction et d’ainsi mobiliser nos publics aux enjeux de protection des forêts).

Les matériaux principaux – des arbres – sont d’origine naturelle, ici issus d’essences locales pour un approvisionnement en circuit court peu polluant.

Pour fabriquer un tronc, il faut principalement du soleil, de la pluie, du gaz carbonique et du temps… Un processus 100% renouvelable dont le bilan carbone est largement positif et contribue à la réduction de l’effet de serre en piégeant du CO². C’est sans comparaison avec l’énergie dépensée et le gaz carbonique émis pour la fabrication des parpaings, ciment ou plâtre utilisés dans l’industrie conventionnelle du bâtiment et le peu de déchets laissés par la construction peut-être réutilisé (bois de chauffage, meubles, étagères, etc.). 

Un bâti à l’excellente régulation thermique

Cet impact continuera par la suite à être très réduit grâce à l’excellente régulation thermique naturelle du bois qui évite les variations de température à l’intérieur et permet d’avoir une maison naturellement fraîche l’été et confortable l’hiver avec une température stable toute l’année. La masse thermique du bois et l’isolation intermédiaire permettront de réguler l’hygrométrie intérieure et les variations de la température extérieure. Les bâtiments n’auront pas de fenêtres côté nord et seront implantés de façon à profiter au maximum de la chaleur naturelle du soleil sur les façades orientées sud. Un solarium sur la maison avec ses baies vitrées participera grandement à ce captage en chauffant le mur sud de la maison. 

Un bâti fait pour durer

Les maisons en bois sont très robustes et certaines sont encore debout après des centaines d’années (et c’est pareil pour les toitures en bardeaux fendus qui, si les bardeaux sont retournés tous les cinquante ans, peuvent durer près de quatre cents ans !). Contrairement à la croyance commune, elles sont résistantes au feu, à la chaleur et au froid grâce à l’épaisseur des bois utilisés.

L’exemple positif d’un bâti écologique accessible

Plus qu’une maison et un atelier, ce projet sera prouvera que l’on peut se tourner vers une maison écologique, éthique et locale dont le coût n’est pas différent de celui d’une maison plus classique (et qui est même moins important sur le long terme grâce à des économies d’énergies significatives). Cela peut permettre de montrer que des alternatives sont possibles et s’intègrent très bien au paysage français tout en s’inscrivant en plus dans l’histoire de notre territoire. 

Une architecture profondément liée et intégrée au paysage forestier

Et au-delà de tous les aspects techniques abordés plus haut qui font de ce type de construction un projet écologique et ancré dans l’histoire sans comparaison, cette architecture se fond dans le paysage forestier. Cette esthétique participe à créer un environnement serein et harmonieux. L’architecture bois se fond dans le paysage et fait rêver quiconque l’aperçoit. Elle nous plonge dans une atmosphère authentique et sincère, chaleureuse et naturelle, propice à la déconnexion. Ce type de bâtiment est donc idéal pour notre projet grâce à son esthétique familiale, rurale, véhiculant des valeurs naturelles et artisanales, propices au questionnement et à l’ouverture d’un dialogue autour des alternatives existantes et confortables face à un monde de consommation massive détruisant nos écosystèmes.

L’impact sur le paysage, la faune et la flore sera donc extrêmement réduit au regard des chantiers utilisant des techniques plus classiques. De plus, le terrain étant à l’extérieur du village, en haut d’un chemin sans issue et bordé par une petite forêt et de grandes haies, l’ensemble ne serait visible qu’en étant sur place.

La question de l’énergie

Nous visons la sobriété énergétique de ce lieu de vie et d’activité. Notre objectif numéro un est donc de consommer seulement l’énergie dont nous avons réellement besoin. 

Dans un second temps, pour aller toujours plus loin dans l’expérimentation alliant activités économiques et écologie, nous souhaitons privilégier les sources d’énergie renouvelables.

La régulation thermique : solaire passif et puits climatique

Naturellement de par leur structure, la régulation thermique de nos bâtiments sera conçue pour être optimale. La conception bioclimatique réfléchie dès la conception du projet avec notre architecte spécialisé en fera une maison passive utilisant au maximum l’apport solaire avec des vitrages orientés au Sud et une implantation idéale en fonction de la course du soleil bas de l’hiver. Une maison passive est une maison qui utilise peu d’énergie pour demeurer confortable toute l’année. L’énergie solaire est exploitée passivement grâce à cette conception architecturale qui utilise l’orientation du bâtiment, les murs, les fenêtres, les planchers, le toit, le solarium, la serre, pour capter un maximum d’énergie thermique et la conserver naturellement afin d’apporter chauffage et éclairage naturels.

La bonne isolation de la maison contribuera à diminuer les déperditions de chaleur.

En été, la climatisation solaire passive isolera de l’air chaud et de la chaleur du soleil et évacuera la chaleur à l’aide d’une ventilation naturelle obtenue par l’installation de rideaux, la plantation de haies et d’arbres à des endroits stratégiques et une attention portée sur la direction des vents dominants et des brises nocturnes. 

Cette énergie est appelée passive, car elle est gratuite et sans impact sur les écosystèmes.

Cette régulation sera aussi permise, s’il nous est autorisé de le faire, par la mise en place d’un puits canadien en grès. Le puits Canadien (encore appelé puits provençal ou puits climatique) est un concept qui permet d’assurer le chauffage d’un habitat en hiver et sa climatisation en été. Le principe consiste à utiliser la température du sol pour réchauffer ou refroidir l’air extérieur, et l’amener ensuite une fois filtré à l’intérieur de la maison. La température de la terre à 3 mètres de profondeur oscille entre 7 et 12°C toute l’année, ce qui permet d’obtenir un air tempéré quelle que soit la saison

L’ensemble des tubes et accessoires seront en grès, un matériau écologique, garanti 100 ans, ne générant pas de condensation, et permettant un échange thermique efficace tout en conservant la qualité de l’air dans la maison (pas de charge électrostatique due au frottement air/plastique). Le grès est un matériau sain, stable et fait d’argile non vitrifiée et il est ce qu’il y a de mieux pour l’échange et l’inertie thermique. Les tubes et accessoires sont entièrement étanches à l’eau, à l’air et aux gaz radons grâce à la chamotte qui est recouverte par le grès de part et d’autre des tubes (intérieur et extérieur), grâce également aux joints à lèvres en EPDM qui assurent la liaison entres les tubes.

L’eau

L’eau de pluie sera collectée pour le potager et les toilettes. Le système de traitement des eaux sera indépendant comme dans toute la zone et écologique via une fosse phytosanitaire agréée avec obligation de résultats. Une alternative saine, écologique, le plus naturelle possible et indépendante, utilisant le pouvoir naturel de filtration des plantes et substrats, qui a de très bons résultats lorsqu’elle est correctement mise en place.

La consommation d’énergie

Les low-tech seront privilégiées, encore à l’étude de notre côté, à mettre en place et expérimenter petit à petit selon les réglementations en vigueur : valorisation énergétique des déchets organiques : biogaz, gazéification du bois pour les besoins locaux d’électricité et d’énergie de cuisson, four solaire, Cogénération (double valorisation du combustible pour produire à la fois de l’énergie électrique et de l’énergie thermique utilisable sur place dans un réseau de chaleur, installation d’une micro-turbine, d’une micro-éolienne, etc. qui sont des solutions simples d’énergie renouvelable pour la production électrique locale. Nous réfléchissons aussi sur le stockage de l’énergie. Tout cela sera pensé en fonction des réglementations en vigueur en collaboration étroites avec les autorités compétentes.

Chauffage : le choix du poêle de masse

Notre choix s’est porté sur le chauffage au bois car il est neutre en carbone (s’il est issu de sources éco-gérées) puisque c’est une ressource renouvelable et bien gérée en France. 

D’après le bilan carbone de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), la quantité de gaz émise par le fioul domestique, le gaz naturel et l’électricité par tonne est, respectivement, de : 300, 231 et 60 contre 13 pour les bûches. Cela signifie que même si elles produisent du gaz à effet de serre, elles respectent mieux l’environnement que les autres. En effet, non seulement, elles sont neutres en carbone, mais la quantité de CO² qu’elles émettent est bien plus faible que celle des autres sources d’énergie.

De plus, il existe des solutions qui permettent de réduire davantage les effets de l’usage des cheminées sur l’environnement. Afin de rendre le chauffage à bûches encore plus écologique, il suffit de renforcer ses performances.

Le chauffage sera donc assuré par un poêle de masse en stéatite (pierre naturelle taillée) l’hiver. La stéatite possède d’excellentes capacités d’accumulation et de conduction de la chaleur. Associées à une densité élevée, la masse de stéatite volumineuse et la technologie de combustion avancée de ces poêles permet de chauffer un grand espace pendant longtemps en douceur (plusieurs jours même si la combustion est finie) avec une quantité de bois minime. La chaleur est rayonnante et la combustion s’effectue proprement et avec un très bon rendement énergétique. Le chauffage ne nécessite qu’une quantité minime de bois, qui brûle proprement en ne produisant pratiquement pas de cendres. Les émissions sont en-deçà des normes les plus strictes au monde et la chaleur dégagée peut être exploitée par exemple en reliant le poêle au chauffe-eau.

L’empreinte carbone de la fabrication de ces poêles est intéressante car elle est compensée après une utilisation de seulement 1-2 ans.

Ce poêle de masse présentera un fourneau à bois pour la cuisson l’hiver afin de profiter de cette énergie thermique produite en lui donnant une double fonction.

Délais de construction idéaux

2020-2021 : Montage du dossier de présentation et contact des artisans et professionnels (plans, calculs, cubages, devis) et présentation aux différents acteurs du territoire. Présentation du projet à la région par la mairie. Acquisition du terrain.

2022 : restauration de la masure en pierres et présentation du permis de construire pour l’atelier et la maison bioclimatique.

2023-2024 : Démontage de la charreterie. Construction de l’atelier principal.

2024-2025 : Début de l’activité sur place. Construction en parallèle de la maison bioclimatique. Mise en place des espaces extérieurs (jardin forêt, potager, etc.). Démarrage des activités du lieux.

PRESERVER ET VALORISER L’ENVIRONNEMENT NATUREL

Observer et réfléchir l’espace dès sa conception pour un impact positif sur les écosystèmes qui le composent

Il faut savoir que ¾ des insectes ont disparu en trois décennies et qu’un tiers des insectes risquent aujourd’hui l’extinction. Pourtant, ils représentent une biomasse exceptionnelle grâce à leur diversité et sont un maillon essentiel de la chaîne du vivant, dont nous faisons partie. Notre projet est donc de pouvoir continuer de développer nos activités en nous implantant sur un terrain tout en ayant un impact positif, et non pas seulement neutre, sur celui-ci en protégeant et favorisant la biodiversité et l’activité. 

Il nous apparaît clair qu’aujourd’hui il existe des façons de faire autrement démontrant qu’activité humaine et environnement peuvent être complémentaires et en inter-relation profonde si l’on se préoccupe dès la conception d’un lieu des enjeux environnementaux locaux et des besoins citoyens. Nous souhaitons faire partie de ces exemples concrets, de ces laboratoires en plein air développant les dynamiques écologiques et économiques interconnectées, la possibilité d’allier activité économique et écologique aujourd’hui en étant un lieu ressource pour l’homme sans exclure les autres êtres vivants constituant la faune et la flore locales. 

L’idée est de participer pleinement à la préservation de l’environnement et de développer un bâti bioclimatique pour favoriser l’implantation harmonieuse de plusieurs activités artisanales et expérimentales écologiques.

Le principe de la permaculture, même si elle n’est pas la seule qui nous intéresse, est particulièrement intéressant ici en tant qu’approche systémique et globale de l’humain dans son rapport à l’environnement naturel mais aussi économique, éducatif, social, sanitaire, technologique, philosophique, etc. Ce qui fait particulièrement écho avec notre projet, c’est cette idée qu’il existe une dynamique globale et positive qui englobe chaque aspect de la vie humaine et du vivant en général. En mettant en relation et en prenant en compte l’ensemble des besoins, dès la conception d’un lieu, de tout ce qui fait et fera ce lieu (individus, faune et flore, bâti, activité économique, activité sociale, etc.) les bienfaits qui en découlent sont évidents et abondants sur l’ensemble de cette chaîne. L’environnement ne devient alors plus qu’un simple support qu’il faut contrer sans cesse, il fait partie intégrante d’un cycle équilibré dans lequel nature et activité humaine peuvent cohabiter sainement et durablement. 

Ainsi, prendre soin de la nature permet aussi de pouvoir l’habiter de façon pérenne sans détruire les ressources qui lui sont, et qui nous sont nécessaires. Protéger la nature, c’est aussi protéger nos modes de vie présents et futurs, c’est participer à faire évoluer pour faire perdurer nos activités économiques, culturelles et sociales. C’est favoriser un anthroposystème où l’activité humaine et l’écosystème s’enrichissent mutuellement.

Conception et aménagement concrets prévus

Afin de pouvoir mettre en place cet équilibre, nous reprendrons quelques principes de la permaculture là encore : observation, évaluation, réflexion (ou “design”), implantation et maintenance.

Conscient de l’équilibre fragile des écosystèmes locaux, nous souhaitons dans un premier temps revaloriser tout ce qui peut l’être sur cette zone naturelle au travers de différentes actions à mettre en place dès notre arrivée et à faire perdurer sur le long terme. Auparavant, cette parcelle était une petite zone d’exploitation forestière, encore avant elle était un lieu de vie. Nous souhaitons aller au-delà de ces usages en montrant le plein potentiel de cette terre vivante.

La mare, puit de vie pour la faune et la flore

La petite mare présente sur le terrain compte parmi les milieux à protéger hébergeant des espèces potentiellement remarquables, notamment chez les amphibiens mais aussi écrevisses, libellules, etc. Il est d’intérêt général de les préserver et de maintenir cet habitat naturel. Aujourd’hui, cette mare est très envasée et l’eau stagne par endroits à la suite de son comblement progressif par sa dynamique naturelle. L’enfrichement et le boisement progressif de la mare ne permettent plus un accès idéal à la lumière. 

Un recreusement sera donc peut-être nécessaire, grâce aux conseils des autorités compétentes en la matière (service environnement et agences de l’eau) en respectant les réglementations en vigueur. Le but sera ici de retrouver les dimensions d’origine de la mare en supprimant les vases qui se sont accumulées tout en préservant une couche argileuse suffisamment épaisse via un sondage afin de permettre aux graines primaires présentent dans cette couche de reconquérir la mare. Cette boue, faite de débris végétaux et animaux et d’éléments minéraux contribue en effet à l’équilibre biologique naturel de la mare. Nous veillerons à donner des contours irréguliers à la mare, privilégiant des formes courbes car ces dernières facilitent l’intégration de la mare dans le site et favorisent la diversité animale et végétale. Nous laisserons des profondeurs variées, les pentes douces facilitant l’installation de la végétation et la circulation des  animaux (notamment tritons, grenouilles, crapauds, etc.). Les zones plus profondes serviront d’abris et de refuges (en période de sécheresse ou de gel). 

En fonction de leur composition, les matériaux extraits pourront servir de compost ou être utilisés comme terre végétale (réutilisation dans le cadre d’aménagements paysagers, de création de talus, etc.). 

Les travaux de recreusement seront faits entre septembre et mi-novembre afin d’éviter les périodes de reproduction des tritons, grenouilles et crapauds, des insectes et la floraison des plantes. L’automne et l’hiver qui suivent l’achèvement des travaux serviront pour remplir naturellement la mare puis elle sera recolonisée naturellement très rapidement. 

Ce recreusement pourra être l’occasion de réaliser des aménagements simples contribuant à créer une mosaïque d’habitats favorables aux batraciens, aux insectes, etc. : maintien d’un tas de bois, création de talus, maintien des ceintures de végétation, etc.

Gestion de la forêt

Les deux zones de forêts existantes seront gérées avec une approche de foresterie naturelle, utilisant des techniques forestières durables s’appuyant sur des plantations mixtes, des rotations longues, des coupes sélectives et sur la régénération spontanée des massifs forestiers naturels ou des plantations.

Observation et protection de la faune

Nous participerons à des opérations de sciences naturelles participatives via notamment l’observation des oiseaux et l’action de comptage « Oiseaux des jardins » organisée par la ligue de Protection des Oiseaux et le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Cette activité collective permet de collecter les informations qui permettent d’évaluer le statut, tant au niveau national qu’international, des espèces sauvages de nos régions en les recensant mais aussi en participant au quotidien à la restauration de leur habitat naturel et en surveillant les dangers qui peuvent les menacer. 

Cette opération est possible aujourd’hui grâce à l’outil numérique collaboratif VisioNature, un système d’information en ligne, développé par le réseau LPO, portant sur les oiseaux et d’autres taxons : mammifères, reptiles, amphibiens, invertébrés etc. Il permet de noter et sauvegarder nos observations naturalistes tout en les partageant avec un vaste réseau qui peut vous aider à progresser dans la connaissance de la faune de notre département ou de notre région. En 2016, ce sont plus de 59 000 contributeurs qui participent à l’acquisition de cette connaissance en France et qui ont saisi plus de 45 millions de données. C’est le premier outil de sciences participatives sur la biodiversité en France.

Créer et développer une relation saine entre l’homme et la nature 

Pour devenir un lieu ressource pour la flore et la faune, dont fait, intrinsèquement et depuis toujours, partie l’homme, nous souhaitons développer et faire grandir nous aussi notre propre part à l’écosystème. Pour cela, nous procéderons d’abord par l’observation et la réflexion.

Observer et penser l’espace qui nous accueillera

En pensant en amont l’aménagement de cet écolieu, nous prendrons concrètement en compte les biotopes existants et nous pourrons permettre que les interactions entre eux ne s’arrêtent pas, et même qu’elles s’améliorent en faisant en sorte que la vie circule sur le terrain sans barrière infranchissable ou trop grand espace sans abri. Ainsi, nous proposons la création d’un jardin-forêt, d’un potager naturel et de zones fleuries visant à rendre plus fluides les déplacements et la façon d’habiter ces espaces pour la flore comme pour les individus.

Jardin-forêt & agroforesterie

Nous utiliserons la force de la nature qui tend naturellement à transformer les zones de « friches » naturelles en forêt en lui proposant des essences locales qui peuvent nous être utiles dans notre quotidien et dans notre activité économique en plantant des arbres fruitiers, des arbustes ainsi que des essences intéressantes en tant que bois d’œuvre pour nos réalisations artisanales. Nous veillerons à ce que ce soit toujours des espèces non invasives. Ce système, expérimenté notamment par D. Dekartz et F. Nathié,  imitera les écosystèmes forestiers spontanés : des essences variées de différentes hauteurs permettant un système à « étages » d’où son autre appellation de “jardin multi-étagé”.

Ce projet serait développé sur 5 ans, le temps que les essences s’installent.

L’idée est d’arborer le terrain avec des pommiers, châtaigniers, poiriers, pruniers, merisiers, frênes, érable, noyer, néflier, etc. afin de séparer de manière ouverte les espaces et de créer une couverture écologique naturelle participant au stockage du CO². Ce jardin-forêt permettra aussi la production de fleurs mellifères, de feuilles et de branches pour la couverture du sol favorisant le développement de l’humus et des habitats pour les oiseaux, insectes, etc., de fruits pour les animaux et la consommation humaine, de bois pour la fabrication de nos ateliers qui consomment de manière très raisonnée et généralement les branches et arbres tombés à la suite des tempêtes (un seul arbre représente des milliers de couteaux, encore plus de bijoux sculptés…). Nous planterons aussi des fixateurs d’azote et des petits arbustes aussi type fruits rouge. Ce sera un mélange donc de forêt comestible et de forêt d’exploitation très raisonnée et à impact positif.

Potager expérimental

Prenant modèle sur la nature qui nous enseigne les bases d’une production saine et régulière sans intrant ni intervention violente, nous expérimentons depuis deux ans la polyculture expérimentale et biologique sur petite surface, le couverture du sol par paillage plutôt que le labour, la rotation des cultures et les associations, la plantation de légumes perpétuels, le compostage de surface… Ce sont des façons de cultiver sobres et biologiques avec peu ou pas de travail du sol ou de fumure animale, basés sur diverses techniques et expériences qui ont fait leurs preuves comme la méthode de M. Fukuoka, des cultures associées de G. Franck, et de permaculture de D. Holmgren et de B. Mollison en nous appuyant sur l’expérience du français D. Dekartz. Ce potager sera associé à un jardin des simples et à un jardin des plantes sauvages comestibles accessibles aux stagiaires pour une immersion aux contacts de la cohabitation directe entre l’homme et la nature, afin qu’ils se réapproprient eux aussi ces savoirs ancestraux et locaux à impact positif sur l’environnement.

Création de zones de Bzzz

Nous participerons à l’initiative d’Agir pour l’environnement, une association de mobilisation citoyenne nationale en faveur de l’environnement. Cette action consistera à semer des fleurs sauvages locales et mellifères afin de permettre la survie des insectes pollinisateurs. Cette initiative est plus rapide à mettre en place que le jardin-forêt, lui aussi source de fleurs mellifères, et sera donc un premier moyen puis un moyen complémentaire de participer à cette opération de sauvegarde.

Poulailler et ruches

Nous mettrons en place un petit poulailler, en lien avec le jardin-forêt sur le principe de la relation étroite qu’entretiennent les animaux avec la nature et leurs bienfaits au jardin. Nous installerons également quelques ruches, dans le respect des abeilles, afin de contribuer à sauver la population apicole menacée par l’utilisation abusive de pesticides. 

La forge à rêves

ENGAGEE DANS LA DYNAMIQUE DES TIERS-LIEUX DE FRANCE

Les tiers-lieux sont des espaces physiques pour faire ensemble : coworking, microfolie, campus connecté, atelier partagé, fablab, garage solidaire, social place, makerspace, friche culturelle, maison de services au public… Les tiers-lieux sont les nouveaux lieux du lien social, de l’émancipation et des initiatives collectives.


« Quand un arbre tombe, on l’entend Quand la forêt pousse, pas un bruit »

Proverbe africain

— Anna Wong, Bénévole

La forge à rêves, c’est :

Une fabrication locale au sein d’un atelier partagé et la mise en valeur de métiers anciens et rares, tournée vers l’avenir.

Le développement d’activités plurielles, dynamiques, évolutives et collaboratives en milieu rural.

Un ancrage sur le territoire avec la valorisation du patrimoine normand.

Une réponse à un besoin d’apprendre et de faire, avec un rapport à l’apprentissage par la découverte, la mise en accès de savoirs précieux et rares, la désacralisation des savoir-faire, l’accessibilité des connaissances et d’outils et machines pour les mettre en application. Ceci répondant à un besoin réel de reconnexion avec les capacités de tout un chacun.

Un projet englobant l’environnement dès sa conception pour un mode de vie et d’activités économiques plus durables témoignant de la possibilité de transformer en profondeur nos fonctionnements. Un rapport ouvert et permanent avec son environnement et le paysage normand, pris en compte comme un élément majeur du projet, à respecter et à valoriser.

Un projet inclusif en termes de types de publics en proposant des activités tournées aussi bien vers les institutions publiques que les entreprises privées, les associations, les habitants du territoire…

Un projet créateur de vocations, forgeur de rêves, pérennisant des savoir-faire en voie de disparition en les transmettant et en permettant à d’autres de s’installer en tant que professionnel du métier. C’est un véritable tremplin à la prise de conscience et à la volonté de développer des projets artisanaux un peu partout en France, restant en lien avec le nôtre, via nos formations professionnalisantes.

Si elle s’installe, elle pourra : 

Contribuer à créer un tissu relationnel fort avec les autres tiers-lieux du territoire :

  • En proposant des animations de découverte pour les acteurs des autres manufactures

Par exemple, en leur faisant visiter l’atelier, découvrir les étapes de fabrications, etc.

  • En développant des projets communs (co-organisation d’animations, créations communes, etc.)

Par exemple en co-organisant des expositions, des animations autour de thématiques communes (les métiers anciens, l’acier, le bois, les low-tech, l’écologie, etc.)

  • En permettant des échanges de savoir-faire, de conseils techniques

Par exemple sur des machines, techniques, connaissances, produits, fournisseurs, partenaires connus de nos ateliers pouvant servir à d’autres manufactures.

  • En travaillant main dans la main pour créer des réflexions communes

Par exemple sur les questions de l’énergie utilisée par les ateliers de fabrication artisanale, organiser des événements en commun et réunir nos différents publics. 

UN PROJET PORTEUR DE SENS… POUR LES AUTRES AUSSI !

De nombreux acteurs locaux (élus, habitants, entreprises, associations. et autres tiers-lieux…) que nous avons rencontrés soutiennent d’ores et déjà cette installation dans l’Orne. Ils y voient eux aussi un intérêt réel pour un territoire qu’ils habitent, qu’ils vivent et font vivre, et au travers de leurs regards et de leur enthousiasme, c’est tout notre projet qui prend du sens. 

Ce projet a pour vocation principale d’être le vecteur d’une histoire et de savoirs-faire bien vivants, et d’un artisanat respectueux de la nature au coeur d’un territoire valorisé et préservé. Ce projet a pour vocation principale d’être le vecteur d’une histoire humaine et naturelle passée, présente et future tout en étant un laboratoire d’innovation sociale, économique et écologique en milieu rural. Il mettra en valeur des savoir-faire bien vivants, des façons de travailler respectueuses au cœur d’un territoire valorisé et préservé. Il doit être intégré à un paysage local qui fait sens, souhaitant profondément être porteur et acteur de projets et d’initiatives locales et responsables mettant en valeur la nature et le patrimoine de la Normandie. Si nous créons ce lieu comme écrin de l’expérience, nous participerons à la vie et à la conscience de ce territoire d’une incroyable richesse.

 Pour conclure, ce projet existe et fonctionne déjà à l’heure actuelle dans la Manche et il ne demande qu’un nouveau lieu d’accueil plus adapté, propice à un développement optimal. Nous souhaitons participer à forger les relations de demain entre les individus et leur environnement, en lien avec le territoire qui nous accueillera.

« [Soyons] le changement que [nous voulons] voir dans le monde »

~ Gandhi

Quelque chose est en train de naître un peu partout sur la planète en réponse aux enjeux transversaux : climatiques, économiques, patrimoniaux, sociaux… Faisons partie de ce changement d’avenir.

Vous voulez en savoir plus à notre sujet ? On parle de nous !

Reportage-interview sur nos ateliers et notre démarche de travail réalisé par le cinéaste Benjamin TANTOT :

Passage sur France 5 dans “C Jamy” présenté par Jamy Gourmaud ( à partir de la 19ème minute) : https://www.france.tv/france-5/c-jamy/c-jamy-saison-2/3013273-emission-du-mardi-18-janvier-2022.html

Article paru dans Ouest-France en 2021 : https://www.ouest-france.fr/normandie/videcosville-50630/pres-de-cherbourg-deux-artisans-2-0-connectes-au-monde-et-aux-elements-c0922c92-417d-11ec-adb3-903d234724d0?utm_source=troove&utm_medium=site

CONTACTS

Benjamin ALBRYCHT, Lucie BRAILLON, Nathalie LORIOT

La forge d’Asgeir, l’atelier de La lettre aux ours et l’atelier de La Tortonne au fil tordu

la.forge.reves@gmail.com ~ 02.33.20.07.03

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